La lettre suivante était datée de Rio-Janeiro. Non seulement la princesse Françoise lui plaisait, mais il était décidé à l’épouser. Tout était convenu entre le jeune Empereur, la princesse et lui. Il n’attendait que le consentement du Roi ; il priait qu’on le lui expédiât sur-le-champ.
Cette brusque péripétie ne laissa pas d’épouffer aux Tuileries. Cependant, le baron de Langsdorff se trouvant en congé à Paris, on se hâta de le nommer ministre au Brésil et de l’envoyer, accompagné de sa femme, pour faire la demande officielle de la princesse, dresser les actes nécessaires, en donnant à cette alliance, très convenable de tous points, une forme plus royale et plus diplomatique.
Madame de Langsdorff devait servir provisoirement de dame d’honneur à la princesse et l’accompagner en France. Tout cela s’exécuta le plus rapidement possible.
On commençait pourtant à attendre avec une certaine anxiété les dépêches annonçant l’arrivé de monsieur de Langsdorff à Rio-Janeiro, lorsque la première nouvelle en fut apportée par le canot d’honneur de la Belle Poule, débarquant sur le quai de Brest le prince et la princesse de Joinville.
Ils furent bientôt entourés de toute la population maritime : « Mes enfants, leur dit le prince, je vous amène la femme du matelot ; elle est gentille, n’est-ce pas ? et elle vous aime bien. » C’est ainsi que ce jeune prince se faisait adorer dans la marine.
Il n’avait pas fait une si rapide expédition pour s’arrêter en chemin. Il organisa promptement son voyage par terre et descendit aux Tuileries d’une façon presque aussi inattendue que sur le quai de Brest. Ce mariage, un peu à la flibustier, ne messeyait pas au prince de Joinville.