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MORT DU DUC D’ORLÉANS

Paris en voiture ouverte lorsqu’il était en uniforme. Il ordonna de la changer ; puis, consultant sa montre, il se ravisa ; cela perdrait plus de temps qu’il ne pouvait en donner.

L’aide de campe de jour se trouvait occupé ; ceux qui devaient suivre monsieur le duc d’Orléans dans son voyage n’étaient pas encore rendus au palais. Il monta seul dans cette voiture que le sort lui imposait.

C’était une sorte de phaéton fort bas, à quatre roues, sans portières, monté sur des ressorts à pincette, avec un siège derrière, assez exigu pour n’admettre qu’un enfant. Elle était uniquement destinée à la promenade dans les allées des parcs.

La fatalité voulut que, sortant de chez le sellier pour quelques réparations, elle fût ce jour-là à Paris, que monsieur le duc d’Orléans eût demandé un équipage léger, que monsieur de Cambis se trouvât présent pour le choisir et le faire atteler et personne aux Tuileries pour accompagner le malheureux prince.

Dès la barrière de l’Étoile, les chevaux commencèrent à s’animer. On ignore si monsieur le duc d’Orléans, qui avait dit d’aller vite, le remarquait. Arrivés à la hauteur de la porte Maillot, ils prirent la route de Villiers, au lieu de celle en diagonale qui conduit directement à Neuilly.

Il paraîtrait que le prince voulut alors donner quelques instructions au postillon, ou s’assurer par lui-même de l’état de l’attelage ; toujours est-il que le petit palefrenier, placé sur le siège derrière, le vit debout dans cette voiture emportée.

Effrayé lui-même, l’enfant chercha à descendre et, lorsqu’il fut à terre, il aperçut le duc d’Orléans gisant sur le pavé. Un garde municipal, placé à la croisée des routes, avait vu passer la calèche et tomber le prince.