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rue de la Tannerie et celui de la boutique sur le perron du Palais. Il y ajoute un riche portefeuille de rentes sur les aides et gabelles. Il se marie deux fois. Sa première femme, Suzanne Doublet, qui porte un nom connu, et dont la personne demeure obscure, lui donne deux enfants : André, le futur musicien, et Anne, qui se fit ursuline ; la fortune de Suzanne Doublet paraît avoir été constituée entièrement en valeurs de portefeuille. La seconde femme d’Etienne Cardinal, Anne Vabois, nous est mieux connue ; elle était la fille de Philippe Vabois, avocat au Parlement, successivement auditeur général du prévôt des bandes du régiment des gardes-françaises et intendant des maison et affaires de Mgr le maréchal de Boufflers, et de Catherine Coquelet, son épouse. Elle mourut avant son mari, après lui avoir donné quatre enfants : Catherine, qui se fit carmélite ; Jacques-Etienne, sieur de Guilleville, capitaine au régiment d’Anguien ; Gabrielle et Marie-Geneviève, mortes toutes deux en bas âge. Le père et la mère Vabois survécurent à leur fille.

Étienne Cardinal mourut en 1694. Il laissa un testament en date du 25 février 1692, qui fut publié au Châtelet le 29 décembre 1694. Il partageait également sa fortune entre ses cinq enfants restés dans le siècle. Sa fille Anne, l’ursuline, jouissait d’une pension de 300 livres qui lui fut continuée. Par une mesure de précaution assez rigoureuse, il substituait la portion dévolue à son fils André aux enfants légitimes à naître de lui. Ces papiers ne nous indiquent pas les griefs qu’Étienne pouvait nourrir contre son fils aîné ; mais celui-ci vivait alors assez licencieusement et fréquentait de mauvaises compagnies ; quelques années plus tard, il était accusé d’une escroquerie de 6,000 livres par les sieurs Mascarany et Gautier ; quoiqu’il ait été « deschargé de toutes plaintes et accusations » de ce chef, le fait est à retenir comme symptôme de sa manière de vivre.

A la mort de leur père, les enfants Destouches-Vabois étaient mineurs : Anne-Catherine, née en 1688 ; Jacques-Étienne, en 1689 ; Gabrielle, en 1691 ; Marie-Geneviève, en 1692. La tutelle de ces enfants fut confiée à leur aïeul maternel Philippe Vabois, qui demeurait alors rue Jacob. André vécut d’abord en bonne intelligence avec ses consanguins et leur tuteur ; le 29 juillet 1697, il emprunta même à celui-ci une somme de 4,000 livres, dont il lui servit un intérêt annuel de 200 livres.

Cependant, cette harmonie dut s’altérer assez vite, car, quand