Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/140

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dans son ingénieuse Théorie des affluens, la solution de cette difficulté. Les coquilles des lignites qui ont vécu sur des plages où sont venus se déposer de si nombreux débris de la végétation terrestre de leur époque, étaient probablement des coquilles d’embouchure, comme il est reconnu aujourd’hui que l’ont été celles d’Headen-Hill. La série entière de couches d’Alun-Bay et d’Headen-Hill correspond probablement à la partie des terrains tertiaires de Paris, qui est inférieure au grès de Fontainebleau ; et entre les divers dépôts coquilliers de cette période géologique, il n’y a peut-être de différence bien essentielle que celle qui est inhérente à la nature des localités où ils se sont formés.

Il ne me paraît même pas très étonnant de voir des coquilles qui abondent dans les argiles à lignites de quelques points du Soissonnais, manquer complètement dans d’autres gisemens du même dépôt. Il me semble qu’on aurait pu facilement prévoir que ces dépôts coquilliers, si remarquables par les nombreuses alternatives de productions marines et fluviatiles qu’on y a observées, seraient plus sujets à manquer que les dépôts coquilliers tout-à-fait marins.

On a déjà remarqué plus d’une fois, que les dépôts d’eau douce de toute la partie inférieure du terrain parisien ont quelque chose de local.

Le peu de précision et d’accord des caractères paléontologiques constatés, me ramène nécessairement à chercher des argumens dans des caractères purement géognostiques, et il me semble qu’on en trouve un assez concluant en faveur de mon opinion, dans la ressemblance qui existe entre les argiles et marnes grises et verdâtres, auxquelles sont associés les lignites non recouverts, dont j’ai parlé ci-dessus, et celles qui accompagnent les lignites des bois de Vermand et qui sur toute la ligne que j’ai indiquée, des environs de Gisors, vers Épernay, se montre constamment entre les sables tertiaires inférieurs et les premières assises de calcaire grossier.

La succession des sables, des argiles à lignite et des calcaires, qu’on observe sur le pourtour extérieur de la région occupée par le calcaire grossier, en montant de n’importe quelle dépression où la craie affleure sur l’un quelconque des plateaux, présente une constance remarquable. La masse d’argile, d’un gris verdâtre, dont je viens de parler, et dans laquelle les lignites se présentent accidentellement, est en elle-même une des assises les plus constantes, dans les parties inférieures du système du calcaire grossier, des contrées qui nous occupent. Elle correspond aux fausses glaises des environs de Gisors, dans lesquelles se trouve le succin de Dangu[1] ; elle se retrouve même, avec une puissance considérable et une couleur d’un gris bleuâtre très prononcé, plus à l’ouest encore, à mi-côte du tertre de Beauregard, sur la route de Tillière à Vernon (Eure), et elle y est recouverte par le calcaire grossier qui supporte les moulins bâtis au sommet de ce tertre. J’ai retrouvé l’équivalent de cette masse d’argile verdâtre près de

  1. Voyez à cet égard les travaux de M. A. Passy sur la constitution géologique des départemens de la Seine-Inférieure et de l’Eure.