Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/152

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puisqu’on ne saurait faire accorder cette formation avec les terrains marins dont le gypse est enveloppé.

Je n’ai reconnu dans les nombreux échantillons que vous m’avez communiqués aucune trace qui puisse appartenir à des plantes cryptogames, soit cellulaires, soit vasculaires : je n’en ai pas remarqué non plus de conifères ni de cicadées. Les plantes monocotylédones manquent de même dans les échantillons que j’ai sous les yeux, je me rappelle cependant d’en avoir entrevu dans la belle collection du comte Borromeo, Toutes les espèces qu’on voit dans les échantillons que je puis examiner, et auxquels se bornent mes observations, sont de véritables dicotylédones, je puis même avancer qu’elles appartiennent peut-être toutes à des plantes arborescentes, ou au moins ligneuses, en déduisant cette conséquence, non seulement des espèces ou genres que j’y ai pu reconnaître, mais aussi de l’aspect ridé que présentent ces feuilles, et qu’on doit principalement attribuer aux fibres ligneuses qui en forment le squelette.

Aucune de ces feuilles ne sort de la physionomie particulière à la flore européenne ; je puis étendre cette observation aux échantillons recueillis par Breislak et par M. le comte Borromeo, dont je conserve, sous ce rapport, une idée suffisante. On pourrait faire à cela une seule exception pour les feuilles représentées fig. 5, pl. X, fig. 2 et 12, pl. XI. Mais cette exception sera détruite lorsque j’en parlerai spécialement. Pour confirmer cette opinion, je dirai que la flore de la localité où se trouvent ces feuilles fossiles présente encore à l’état vivant les mêmes espèces ou au moins les mêmes genres, auxquels on peut avec la plus grande probabilité les rapporter.

Après ces généralités, et à défaut de caractères qui déterminent la classification, voici les conjectures que l’on peut faire avec la plus grande probabilité sur la détermination des espèces auxquelles on doit rapporter ces feuilles.

J’oserais assurer d’abord que le genre Acer a fourni les espèces dont les feuilles sont représentées fig. 5, pl. IX ; fig. 1, 3, pl. X ; fig. 5, 6, pl. XI ; je m’appuie non seulement sur la connaissance qu’on a trouvé les acérinées assez fréquemment dans les terrains de sédiment supérieur, mais aussi sur la forme de ces feuilles, qui est si prédominante dans ce genre, qu’elle le caractérise. Cette conjecture est aussi appuyée par des restes d’une partie du fruit particulier au genre Acer, qu’on voit à côté de ces feuilles, dans le même gypse ; et ces fruits, quoique du même genre, indiquent des espèces différentes ; on peut ajouter aussi que la feuille représentée fig. 1, pl. X, ressemble si parfaitement à celle de l’Acer monspessulanum, que je n’hésite point à la croire identique, en faisant abstraction de sa grandeur plus considérable, caractère variable et peut-être général à tous les êtres vivans, dans les premiers âges du globe.

Quant à la feuille représentée par la fig. 5 de la pl. IX, quoiqu’elle n’ait pas exactement les trois nervures, je ne doute pas qu’on doive la regarder