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Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/170

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septentrional de la vallée qui supporte le village de Zouc-Mikaïl. Leur hauteur absolue au-dessus de la mer est dans ces deux endroits de plus de 500 pieds, du moins quant à leur partie la plus élevée ; car ceux de Zouc descendent presque jusqu’au bord de la mer. Ils sont formés de blocs arrondis et de galets calcaires, enchâssés dans un ciment de même nature, variable en couleur et en consistance. La grosseur des galets varie depuis celle d’une tête d’homme jusqu’à celle d’une noisette. On y retrouve la plupart des roches que l’on remarque dans la montagne, et je n’y en ai pas vu d’autres. Le ciment est le plus souvent noirâtre, quelquefois rouge ou jaune ; il est peu compacte et retient très faiblement les morceaux calcaires qu’il enveloppe. Par quelque indice de stratification, j’ai cru voir qu’ils sont disposés en bancs inclinés, comme le flanc de la montagne sur laquelle ils se trouvent ; mais je suis convaincu qu’ils ne font pas partie de la formation. J’ai pu m’en assurer en les retrouvant en petites masses le long de la côte et dans les vallées. Il faut se garder de les confondre avec ceux qui se trouvent généralement à l’embouchure des rivières dans la mer ; ceux-ci étant probablement dus à une toute autre cause, et à une époque différente. On les distingue parce que le ciment qui unit ceux-ci n’est pas calcaire, mais argileux, limoneux, friable ; et souvent terreux. En quelques endroits aussi le calcaire stratifié prend une forme fragmentaire qui lui donne l’apparence de poudingue. Il suffit, pour le distinguer, de faire attention que les fragmens calcaires plus durs ne sont pas arrondis, mais irréguliers, et souvent on peut les voir se fondre avec la masse.


Brèche osseuse, caverne à ossemens.

Parmi les terrains hors de la série, j’ai à mentionner une brèche osseuse qui se trouve dans la caverne d’où sort le fleuve du Chien et dans quelques autres cavernes du Liban. J’ai dit que le fleuve du Chien naissait à peu de distance de la mer. Il sort d’une caverne à voûte demi-circulaire, à stalactites pendantes du sommet ; elle est peu profonde et creusée dans la couche E. ; elle fournit un beau volume d’une eau un peu laiteuse et très froide. À quelques pas au-dessus de cette caverne et à environ 40 pieds au-dessus du lit du fleuve, il y en à une autre dont l’ouverture est plus étroite, beaucoup plus longue, et qui pénètre horizontalement dans le flanc de la montagne en se dirigeant au N.-E. ; je n’ai pu la suivre jusqu’au bout, mais elle s’étend, dit-on, fort loin. Elle a des embranchemens dont quelques uns communiquent avec l’autre caverne. Ses parois sont irrégulièrement arrondies. La voûte est circulaire et tapissée de stalactites et de stalagmites. Le sol du fond de la caverne est formé par un terrain meuble, noir, gras, semblable à du terreau, et contenant de plus ou moins gros blocs et des galets siliceux et calcaires, ainsi que des débris d’ossement et de coquilles terrestres. Mais à l’entrée même de la caverne on trouve un banc considérable formé de galets enveloppés dans un espèce de ciment calcaire, et recouvert par des incrustations