Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/181

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Parmi les assertions que contient ce mémoire, il y en a qui sont le résultat d’une observation immédiate, d’autres qui ne sont que des hypothèses auxquelles j’attache moi-même un plus ou moins grand degré de probabilité.

Ainsi les suites d’échantillons, d’après lesquels j’ai formé les tableaux 1 et 2, sont des faits sur l’exactitude desquels on peut compter. Je n’ai pas besoin de dire qu’il en est de même de tous les autres échantillons.

Le rapprochement entre le terrain d’Antoura et celui du Sannine n’est déjà plus un fait résultant d’une observation immédiate ; je suis cependant certain de sa justesse ; il en est de même de la suite des terrains le long de la côte jusqu’à Tripoli. On conçoit qu’au milieu des tours et des détours je n’ai pu les voir physiquement se recouvrir les uns les autres, mais cependant je crois que leur succession, telle que je l’ai donnée, est juste. La-coupe du Liban est un fait ; il n’en est pas de même de la discussion et de l’explication ; je n’oserais rien affirmer à leur égard. Tout ce qui se trouve sur le versant oriental est pour moi plus ou moins douteux ; cependant je crois assez fermement que le calcaire de Baalbec est le même que celui de Tripoli. Ce qu’il y a de plus obscur dans mon travail est ce qui regarde la base orientale du Sannine ; à l’égard de cette localité je n’ai pas moi-même d’opinion arrêtée.

P. S. Depuis que j’ai rédigé ce Mémoire je suis allé observer un fait dont je dois la première indication au docteur Hedenborg. Sur toute la côte, depuis Beirout ou el Arich jusqu’à Tripoli, on trouve d’espace en espace des poudingues ou grès argileux à grains de grosseur variable qui pour lui comme pour moi sont des formations nouvelles. Ils sont placés généralement, sous forme d’écueils, sur les plages sablonneuses, toujours inférieurs à la ligne où peut atteindre la mer, et sans aucuns rapports avec les roches calcaires de la côte. Mes échantillons ont été pris dans une petite baie sablonneuse entre Beirout et Antoura, auprès d’un petit café qu’on appelle Doukhâne el Doubbait. Les poudingues y sont en petits bancs irréguliers, toujours horizontaux, baignés par la mer, au milieu de sables tout-à-fait analogues à leur nature. Ce dépôt obstrue peu à peu les ports de la côte, et, sans qu’il y ait sur cette plage de coraux ou de madrépores, il forme quelques petits ports semblables à ceux qui se trouvent entre les bancs de coraux et les îles de la mer du Sud ; tel est celui de Sour et de Jaffa. Quand ils sortent de l’eau ils sont peu solides, mais se durcissent beaucoup à l’air, en sorte qu’un grand nombre de maisons le long de la côte en sont bâties. Comme à Saïde, Sour, Jaffa, el Arich, etc., du côté de Djibaïl, j’en ai vu des variétés jaunâtres qui m’ont paru entièrement semblables aux poudingues que j’ai observés à Palerme et à Messine, et qui sont généralement reconnus pour se former encore actuellement. Je n’en ai pas rencontré contenant des coquilles entières, ce qui coïncide avec leur rareté sur ces plages ; mais un des échantillons en offre des fragmens encore très frais. Parmi les grains, les uns sont siliceux, les autres