Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/230

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dis-je, ne peut douter qu’il ne soit au bord d’un vaste cirque dont l’élégante pyramide de Puy-Griou occupe à peu près le centre.

La crête orientale sur laquelle le Plomb est assis offre également mieux qu’aucune autre partie de la circonférence la différence d’inclinaison entre les pentes extérieures et intérieures propres en général aux cratères, soit qu’on les suppose formés par soulèvement ou par éruption. Pour faire apprécier cette différence, il me suffira de dire qu’en partant d’Albepierre, bourg placé au pied de la surface extérieure du cône, on arrive à cheval sur le Plomb, tandis que l’ascension à pied est assez pénible par l’intérieur du cirque. Au nord et à l’ouest elle est encore indiquée par quelques contreforts qui, se détachant des crêtes d’enceinte, vont se perdre au loin dans les inégalités du sol primitif. Mais, en général, le Mary, le Peyrearse, le Chavaroche, et les crêtes qui lient ces pays entre eux, offrent aux regards du voyageur effrayé des pentes également raides de part et d’autre, et souvent même des murs complètement verticaux. Ce fait, trop étendu pour qu’on puisse le négliger à titre d’exception, est difficile à expliquer, quelle que soit l’hypothèse qu’on choisisse pour rendre compte du relief actuel de ce massif.

Avant de quitter les crêtes, remarquons au nord la montagne de Bataillouse, véritable nœud d’où rayonnent vers le sud-ouest le chaînon qui porte le Griou vers l’ouest, l’arête que dominent Peyrearse et le Mary, au sud-est les montagnes du Lioran, et au nord-est une suite d’aspérités dont les principales portent les noms de Saluchet, Aiguillon, rochers de Vassivière. Entre ces pointes et les montagnes du Lioran est inscrit le cirque de font Alagnon, dans lequel on pourrait voir un petit cratère accolé au grand.

Maintenant, plaçons-nous sur le sommet du Puy-Griou pour examiner les escarpemens intérieurs du cratère ; nous verrons à travers les gazons dont sont couvertes toutes ces pentes affleurer des assises trachytiques inégales, ondulées, interrompues, dans lesquelles on ne peut guère méconnaître des coulées. Qu’on ne croie pas que les plans de ces assises forment par leur continuité des cercles ou seulement de grands arcs. Après un cours qui atteint rarement mille mètres, on les voit s’arrêter brusquement ; et si elles semblent parfois se prolonger au loin, c’est une apparence qui ne supporte pas l’examen. « Bien des trachytes, dit M. Burat dans sa Description des terrains volcaniques de la France centrale, ouvrage remarquable par le talent d’observation, bien des trachytes qui paraissent former une assise continue changent de nature, de sorte qu’elles semblent plutôt des masses indépendantes accolées à une même hauteur. » Ce qui vient à l’appui de cette observation, c’est qu’on trouve sur plusieurs points ces masses isolées. Des affleurement étroits, séparés des conglomérats, mais placés les uns au-dessus des autres, indiquent le passage de plusieurs coulées suivant le même rayon du cercle ; La Roche Nègre au sud du Mary en offre un exemple. À ceux qui voient dans le Cantal un cratère