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Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/239

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au même ordre de faits. La roche n’en est attaquable par les acides qu’à un bien moindre degré que celle du Griou, et, malgré son apparence de solidité, elle s’écrase très facilement. Si l’on ajoute à ces caractères que la pâte est souvent parsemée de taches mates, et percée de vacuoles, on sera conduit à penser que ces roches ne diffèrent des phonolites que parce qu’elles ont été exposées à l’action de vapeurs acides. Ces vapeurs se sont emparées d’une partie des bases, et les sels qui en sont résultés ont été enlevés par les eaux. Peut-être faut-il attribuer ces altérations à l’acide sulfurique dont les brèches alunifères de la vallée de Mandaille annoncent l’intervention dans ces phénomènes.

Les filons phonolitiques ne sont pas assez importans et assez distincts des masses pour constituer une période d’émission à part. La quatrième émission est celle des basaltes anciens. Il paraît qu’à cette époque l’intérieur du cratère était encore sain et entier, et que les laves n’ont pu se faire jour à travers ces massifs puissans, ou par les cheminées centrales qu’encombraient les phonolites refroidis. Ils ne se montrent dans l’intérieur du cratère que sous forme de filons, au pied du Plomb, de l’Usclade et du Mary. Ces filons deviennent très nombreux sur les crêtes, entre le Plomb et le Puy-Gros, autour du Chavaroche et de la Roche Blanche. À deux mille mètres, en général, des bords du cratère, les laves basaltiques se sont épanchées latéralement dans un grand état de fluidité, et se sont étalées en nappes sur les flancs du cône. On a voulu établir, comme un théorème, que tout cône revêtu de basaltes était nécessairement un cône de soulèvement. Assurément s’il s’agissait de l’appliquer à un cône aigu ou médiocrement surbaissé, ce serait un argument très fort. Mais lorsqu’on cite le Vésuve, l’Etna, etc., comme démontrant que sur une surface inclinée les laves ne peuvent former que d’étroits courans, on ne prouve rien contre le Cantal, dont le cône est infiniment plus surbaissé. L’inclinaison des basaltes y dépasse rarement 4 à 5°, et il n’est pas démontré que la privatisation des laves ne puisse avoir lieu sous un angle aussi petit. D’ailleurs c’est assez gratuitement qu’on donne à ces coulées le nom de nappes, et je soupçonne qu’il n’y a pas plus de réalité sous cette apparence que je n’en ai trouvé dans l’apparence de continuité des assises trachytiques dont les escarpemens du cratère montrent la tranche. Ces laves très fluides, s’élançant avec violence d’un grand nombre de bouches, et trouvant une pente très douce qui ne leur permettait pas une vitesse d’écoulement proportionnée à la quantité des matières affluentes, se sont étalées triangulairement, comme vous l’avez tous remarqué pour l’eau des sources coulant sur des dalles faiblement inclinées. La convexité de la surface conique favorisait cet étalement ; ainsi les coulées, bien distinctes à leur origine, n’ont pas tardé à se rencontrer, à s’accoler par leurs flancs, et à présenter l’aspect de vastes plaines de laves. Les coulées, soit par épuisement du creuset intérieur, soit qu’elles rencontrassent des obstacles, s’étant arrêtées, les parties inférieures, refroidies par leur écoulement, ont prismatisé les premières ; les