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N°. XI.


MÉMOIRE


SUR LES TERRAINS DE COMBLEMENT TERTIAIRES,


PAR M. REBOUL.




§ Ier. De la division de cet terrains.

Les terrains de transport composés de sables, de limons de graviers, de galets et de blocs pierreux, ont comblé des cavités, ou se sont étendus sur la superficie des régions inférieures.

Ils sont ainsi naturellement divisés en terrains de comblement et terrains d’atterrissement.

Ce sont les premiers qu’on a appelés diluviens, dénomination vicieuse, en ce que les comblement ne se sont pas opérés exclusivement par des inondations ; et plus vicieuse encore en ce qu’on a commis cette erreur insigne de rapporter tous les comblement à une seule inondation.

Les limons, les sables, les cailloux sont descendus des montagnes avec les torrens des eaux pluviales et fluviatiles qui sillonnent, corrodent et démolissent lentement les roches de ces régions élevées. Il faut donc, pour en étudier la marche, les progrès, les modifications, remonter à leur origine. C’est dans les montagnes que commence leur histoire.

La superficie des montagnes est excavée de deux manières bien distinctes. On y voit de longues coupures plus ou moins étroites, ou évasées, au fond desquelles coulent les torrens ; et d’autres cavités de forme ronde ou ellipsoïdale dont le fond est aussi traversé par les canaux fluviatiles quand il n’est pas encore occupé par les eaux stagnantes.

L’examen physique de ces cavités prouve suffisamment que toutes ont été originairement ce que sont encore quelques unes, c’est-à-dire des lacs.

Les longues coupures qu’on appelle, selon les circonstances, vallées, gorges, défilés, viennent aboutir à ces bassins circulaires et se prolongent au-delà en traversant tous ceux qui se rencontrent sur le trajet des rivières jusqu’à leur débouché dans les plaines.

On a attribué avec assez de vraisemblance à l’érosion des torrens le creusement de ces longs sillons qui s’étendent d’un bassin à l’autre, ou plutôt depuis le faîte des montagnes jusqu’à leur base ; mais les cavités arrondies placées sur le passage des torrens, loin d’avoir été creusées par eux, n’ont fait que les retenir, et ont été comblées, les unes partiellement, les autres en totalité, par les matières de transport que les eaux entraînaient dans leur cours.