Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se trouve enclavée dans les parties inférieures des dépôts stratifiés. Ce terrain paraît être dans un rapport fort naturel avec les trachytes de Castel-Sardo et de Nulvi qui en sont à une distance de 12 à 15 lieues, mais qui ont peut-être avec lui des connexions sous-marines intermédiaires. Voilà pour ses rapports avec la Sardaigne ; voici maintenant pour ses rapports avec le dépôt tertiaire de Bonifacio. Au-dessus du fond de granite sont d’abord des lits réguliers d’un sable granitique entièrement dépourvu de fossiles ; en superposition directe sur le sable, trois petites couches régulières de ponce broyée, mélangée de fragmens scorifiés noirâtres, occupant une hauteur de 1 mètre ; sur cette base repose le conglomérat ponceux, blanc mat, empâtant des fragmens de ponce de la grosseur d’une noix, et des fragmens anguleux de granite de la grosseur du poing, disséminés irrégulièrement. La surface du conglomérat est onduleuse, et forme quatre à cinq gros rochers, entre les intervalles desquels on retrouve des couches de sable granitique, mélangées de ponce délayée, remplissant les dépressions, et passant peu à peu à un sable granitique, entièrement semblable à celui qui remplit les dépressions du bassin granitique, et lié de la même manière aux parties inférieures de la formation calcaire.

Ce terrain est donc, comme celui de Sardaigne, antérieur au dépôt tertiaire ; car, pour les sables de Bonifacio comme pour les conglomérats de Saint-Florent, il est difficile de pouvoir décider si les parties les plus inférieures doivent se rapporter précisément à l’âge du dépôt des sédimens calcaires, et s’ils n’ont pas pu précéder leur formation de quelques instans.

La superposition de la Méditerranée empêche de pouvoir suivre avec la même facilité, du côté de l’Italie, la trace des sédimens tertiaires. L’île Pianosa, qui se trouve placée entre Sienne et Aleria, est peut-être destinée à servir de station intermédiaire entre la géologie de ces deux points ; elle consiste en un plateau calcaire, bordé d’une falaise à pic peu élevée, et se présentant comme une table flottante posée sur l’eau. Je n’ai point eu l’occasion de m’y faire aborder, et n’ai pu qu’en dessiner le profil, et même d’assez loin ; mais j’ai su de quelques marins qui y étaient allés faire de l’eau, qu’on y trouve dans la pierre cette même quantité d’oursins qui rend la plage de Santa-Manza si remarquable à la première vue.

Je termine par le résumé des déductions générales que m’ont semblé fournir les indications renfermées dans cette note.

On se trouve conduit, en premier lieu, à regarder les montagnes occidentales de la Corse comme indépendantes, au moins en partie, des montagnes orientales, et comme étant, suivant toute apparence, d’un âge antérieur ; en considérant cette partie de l’île en elle-même, et suivant la marque de ce cachet si saillant dont la direction ouest-sud-ouest y a laissé l’empreinte, on est porté à la comparer à la partie granitique du département du Var et à quelques parties des Pyrénées, qui sont à peu près sillonnées dans le même sens.

La grande netteté de direction que présente la longue chaîne nord-sud de