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OBSERVATIONS


SUR LES ROCHES VOLCANIQUES DES CORBIÈRES,


PAR M. TOURNAL, DE NARBONNE,


MEMBRE CORRESPONDANT DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES DE TOULOUSE.



Les roches que nous avons à décrire dans le cours de ces observations sont toutes situées sur le versant septentrional des Pyrénées, dans le petit groupe de montagnes qui a reçu le nom de Corbières, et se trouvent renfermées dans les limites du département de l’Aude.

Ces roches ont une grande analogie, par leur position et par plusieurs autres caractères que nous exposerons plus tard, avec celles que l’on rencontre dans le terrain d’ophite des Pyrénées, décrit par MM. Palassou, Charpentier et Boué. Elles se présentent presque toujours sous la forme de petites buttes coniques, ou bien de petits mamelons liés entre eux et qui semblent adossés au calcaire secondaire, mais qui lui sont évidemment inférieurs.

En général, les forces intérieures ont poussé ces roches dans les points de moindre résistance, de sorte qu’elles occupent le centre de cratères de soulèvement, le pied des escarpemens, et les ravins profonds des terrains calcaires. Il est même probable que plusieurs déchiremens du sol secondaire ont été occasionés par l’issue spontanée de ces roches ignées ; et l’on conçoit aisément que la force qui est ainsi parvenue à soulever ces masses puissantes a dû se faire ressentir à de grandes distances, et disloquer ainsi les formations environnantes. C’est ainsi que l’on peut expliquer les accidens nombreux et bizarres qu’offre la direction du groupe de montagnes qui nous occupe ; résultat qui n’aurait pas eu lieu si les montagnes avaient été soulevées d’un seul coup.

On ne rencontre jamais les roches ignées sur le faîte des hautes montagnes ; presque toujours elles sont circonscrites et recouvertes par un calcaire gris secondaire à aspect jurassique, qui, dans les environs des roches ignées, offre des caractères particuliers et passe au rauchwacke. Ces roches n’offrent aucune stratification, ne renferment jamais de fossiles, et sont partout accompagnées de marnes rougeâtres, et de grands amas de gypse fibreux renfermant des cristaux de quarz prismé. Un coup d’œil sur la carte et les coupes que nous joignons à cette description suffira pour se faire une idée juste de leur position géographique