Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seillers de Préfecture, et fis une visite, annoncée la veille, au comte de Raymond, qui m’était on ne peut plus sympathique.

L’excellente baronne de Séganville m’accueillit aussi bien que possible, et je devins, tout de suite, l’ami de ses deux très aimables filles, alors des enfants, et plus tard, des femmes charmantes. Leur frère, élève à Saint-Cyr, mort tout dernièrement, occupait, depuis plusieurs années déjà, la haute situation d’intendant Général d’Armée.

En partant d’Agen pour Nérac, après déjeuner, j’étais, grâce à ce que je retenais de mes nombreuses conversations de la veille et du matin, très bien renseigné sur une foule de choses qu’il m’importait de connaître, et sur lesquelles je pus, tout à loisir, méditer en route ; car, mon voiturin fit une station de deux heures à Port-Sainte-Marie.

Voici ce que j’avais recueilli :

L’arrondissement de Nérac faisait bande à part dans le département. Sis en entier sur la rive gauche de la Garonne, sans rapports faciles avec les trois autres, il les voyait généralement coalisés contre lui, quand ses intérêts se trouvaient en jeu concurremment avec les leurs. De plus, sa population, en partie protestante, montrait des tendances libérales, qui n’existaient pas ailleurs au même degré. Tonneins, Clairac, La Parade, dans l’arrondissement de Marmande, et Laffite, dans l’arrondissement d’Agen, possédaient bien des églises réformées ; mais, sauf quelques rares communes, contenant quelques familles protestantes, le surplus de ces arrondissements et celui de Villeneuve-sur-Lot professaient exclusivement le culte catholique.