Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/119

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Dans les parties basses du sol, généralement ondulé, cet imperméable sous-sol formait des marécages infertiles et fiévreux, qu’on a successivement assainis et utilisés, grâce à des travaux opiniâtres de défonçage et de défrichement.

La contrée dont il s’agit, comme les parties similaires de la Gironde et des Landes, était couverte par la mer pendant la période géologique antérieure au soulèvement pyrénéen, qui la fit apparaître au jour.

Le chêne-liège (quercus suber), appelé communément «surrier », en occupe une zone de plusieurs kilomètres, qu’attriste l’aspect mélancolique de cet arbre, à feuilles persistantes d’un vert foncé, rappelant celles du chêne vert d’Italie (yeuse), et dont l’écorce rugueuse est mouchetée de touffes d’une mousse grisâtre, propre à cette essence. Quand on le dépouille de son écorce, tous les huit ou dix ans, le tronc du chêne-liège, dont le liber, de teinte brique, reste à découvert jusqu’à ce qu’elle repousse, présente un aspect d’autant plus malheureux que le sol des « surrèdes » est dénudé par les labours qu’on y pratique, ou couverts de seigles malvenants.

Au delà de cette zone, viennent d’immenses bois de pin maritime (pinus terebintha), dont on saigne, par de longues entailles, comme dans toutes les landes de Gascogne, la sève gluante, pour en extraire la résine produisant l’huile de térébenthine.

On y rencontre, comme autant d’oasis, des métairies, créées dans les terrains les moins rebelles à la culture, et produisant du seigle, du maïs, des mils et millades. De grandes mattes, plantées de chênes, d’ormes, de peupliers ou de « saucerine », nom local du saule Marsault, salix caprea, et bordées de fossés des