Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/126

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J’étudiai donc le meilleur parti qu’on en pouvait tirer, et, si je n’inventai pas le système de la conversion des journées de prestations en tâches fixes, je fus un des premiers à l’appliquer.

Je favorisai, par tous les moyens, la libération en argent des journées de travail, pour faire face à la construction des ouvrages d’art et aux achats de matériaux d’empierrement.

Et, à force de démarches, j’obtins de la Préfecture, que je finis par intéresser à ma croisade contre les chemins fangeux, des subventions pour des travaux déterminés, imputables : tantôt sur les fonds du Département ; tantôt sur la portion réservée des amendes de Police Correctionnelle.

Il fallait voir avec quelle sollicitude je surveillais l’emploi de ces précieuses ressources ! J’avais combiné moi-même et je faisais exécuter, avec les matériaux les moins chers, des types de ponceaux et d’aqueducs aussi peu dispendieux que possible.

Quant aux terrains nécessaires pour l’élargissement ou le redressement de certains chemins, ne pouvant les payer, je posai, comme un principe, que les riverains devaient les abandonner à la voie publique, sans indemnité. Cette doctrine était discutable au point de vue de l’équité stricte ; mais, nécessité fait loi. Je parvins à lui donner cours, à force de prodiges de patience, et aussi, par une générosité de bonnes paroles qui suppléait, tant bien que mal, à ma pénurie trop véritable d’autre monnaie.

J’eus, enfin, un puissant auxiliaire dans la loi du 21 mai 1836, sur les Chemins Vicinaux, qui rendit obligatoire, pour les communes dépourvues de ressources