Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conscriptions, et qui se terminaient par une conférence cantonale d’instituteurs, à laquelle assistaient les Maires, sous ma présidence.

À l’époque de la grande foire annuelle de Nérac, une conférence générale avait lieu dans cette ville, en présence du Comité d’Arrondissement.

Curés et Pasteurs rivalisaient de bon vouloir pour me seconder dans la croisade que je dirigeais, cette fois, contre l’ignorance, cette fange de l’esprit, et toutes les difficultés pouvant naître de l’admission simultanée d’enfants catholiques et protestants, dans la plupart des écoles communales, étaient prévenues ou levées, grâce à leur bon accord avec moi.

Tout cela ne pouvait manquer d’avoir quelque retentissement au dehors. Je n’en fus pas moins fort étonné quand, le 20 juillet 1837, en ouvrant mon courrier, le matin, je tombai sur une lettre de M. le comte de Montalivet, devenu Ministre de l’Intérieur, datée du 17, m’annonçant ma nomination, signée le même jour, comme Chevalier de la Légion d Honneur, « pour services exceptionnels ». Rien ne me faisait prévoir une telle récompense à vingt-huit ans ! car, dans la carrière administrative, il était plus que rare, à cette époque, de la recevoir si tôt.

Ainsi que je l’appris ensuite, M. Guizot, Ministre de l’Instruction publique, — auteur de la loi de 1835, — très frappé, dans son examen des cartes de France, couvertes de teintes graduées, qu’on lui soumettait, pour le tenir au courant de l’organisation progressive du service scolaire dans les divers arrondissements, du point blanc par lequel celui de Nérac tranchait sur l’obscu-