Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/175

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Rue, et suivie d’un jardin terminé par des écuries et remises donnant sur un boulevard extérieur, fût, depuis plusieurs semaines, à ma disposition : mon prédécesseur, M. Cambon, nommé Sous-Préfet de Jonzac (Charente-Inférieure), avait mis un empressement extrême à gagner son nouveau poste.

Natif de Toulouse, ancien avoué, devenu Sous-Préfet en 1830, M. Cambon était le très proche parent d’un riche propriétaire et maître de forges de Saint-Girons, M. Trinqué, membre du Conseil Général pour le canton de Saint-Lizier, plus libéral au fond que M. Pagès, et pouvant aspirer à la députation. Devais-je attribuer son déplacement à cette circonstance ? Je ne le sus jamais. Toutefois, pour que M. Duchâtel prît un inconnu de préférence à moi, dans son propre arrondissement électoral, il fallait bien qu’il eût un motif de le faire.

Sauf les bureaux, exceptionnellement dotés d’un mobilier, la Sous-Préfecture de Saint-Girons était absolument vide. Ne devant pas y faire d’installation durable, je conclus un arrangement avec le riche propriétaire de l’Hôtel de France, cuisinier fort renommé, brocanteur en tous genres, comme la plupart des capitalistes du pays, pour l’ameublement, à loyer, d’un salon, d’une salle à manger, d’une chambre à coucher et d’une chambre de domestique, et pour la fourniture du linge de maison nécessaire. Je prenais mes repas, matin et soir, dans son établissement, en compagnie du Procureur du Roi, du Juge d’Instruction et de l’Inspecteur des Eaux et Forêts de l’arrondissement, qui n’avaient pas non plus de maisons montées.