Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/180

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les points élevés, soit du canton d’Oust, soit de celui de Castillon, par nombre de vallées qui semblent comme autant de branches de deux immenses éventails, remontant jusqu’aux faîtes des Pyrénées. C’était, en effet, dans ces deux directions que devait se porter ma vigilance.

Les cantons de Saint-Lizier et de Sainte-Croix, au nord de Saint-Girons, très dignes de ma sollicitude sous beaucoup de rapports, ne pouvaient m’inspirer aucune inquiétude au point de vue de la contrebande de guerre. Montueux, plutôt que montagneux, ils semblent comme des transitions ménagées entre les vallées pyrénéennes et les plaines de l’arrondissement de Muret. Le premier occupe les deux rives du Salat, au-dessous de Saint-Girons ; le second, qu’il sépare de cette rivière, s’arrose des eaux du Volp, petit affluent de la Garonne. Dans l’un et l’autre, l’agriculture trouve plus libre carrière que dans le reste du pays, où, généralement, tout ce qui n’est pas forêt de sapins ou de hêtres, devient prairie ou pacage : prairie, dans le fond des vallées ou sur les pentes arrosables des montagnes ; pacages, sur les croupes et dans les « combes » de celles-ci, neigeuses en hiver, revêtues d’une courte végétation herbacée, le reste du temps.

Cela n’empêche pas qu’on rencontre encore des forêts dans ces deux cantons. Celle de Sainte-Croix, peuplée de hauts sapins droits et forts, comme des mâts de vaisseaux, me frappa d’admiration. Mais, on commence à revoir, par-ci par-là, des chênes, et aussi, des étendues ensemencées de céréales.

Dans les parties basses, irriguées, des plaines, comme dans les vallées des autres cantons, des prés verdoyants réjouissent les yeux.