Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/21

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une manufacture de toiles peintes, la première de ces grandes usines qui firent la richesse de l’Alsace.

Lui, mon grand-père, habitait Versailles, lorsque la Révolution éclata. (Il s’était marié dans cette ville en 1786.) L’hôtel qu’il occupait, où mon père vint au monde, en 1787, se trouvait situé dans la rue Montbauron, entre les avenues de Paris et de Saint-Cloud. Il demeurait, l’été, dans la grande maison de campagne qu’il avait à Chaville, sur la route de Paris à Versailles, et en face de laquelle il en possédait une autre, plus petite, nommée Belle-Source, où je passai ma plus tendre enfance.

Il était tout acquis aux idées généreuses propagées par les écrits des philosophes du xviiie siècle, et fut entraîné facilement par le courant d’opinion qui renversa la Monarchie. Esprit large et libéral ; ferme, résolu, mais pondéré ; maître de lui-même, il ne voulait, tout d’abord, comme tant d’autres, que la réforme des abus et des gaspillages financiers de l’ancien régime. Son programme politique n’allait pas plus loin que la réalisation des « immortels principes » consacrés par la Déclaration des Droits de l’Homme.

Il n’avait pas trente ans lorsque le choix de ses concitoyens le fit Administrateur du département de Seine-et-Oise.

Élu Représentant du Peuple à l’Assemblée Législative, en 1791, et à la Convention Nationale, en 1792, il ne prit pas longtemps part aux délibérations de celle-ci. Promptement, il s’était fait distinguer (surtout, dans les séances des comités) par son grand sens pratique et ses aptitudes administratives. Il dut à des amis, que la modération de ses opinions politiques et son indépendance courageuse à les manifester inquiétaient et qui pro-