Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/211

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châtel me dit, en particulier, que le Préfet de l’Ariège ne paraissait pas de force à bien mener la campagne électorale méditée. À bon entendeur, salut !

Je ne fus pas dupe de cette ouverture ; mais je ne pouvais refuser un service personnel à mon Ministre. D’ailleurs, après avoir pu craindre une assez fâcheuse issue de mon voyage, je me trouvais introduit chez l’arbitre de mon avenir, dans des conditions exceptionnellement favorables, semblant bien l’assurer. Je promis ce qu’on me demandait, et je repris le chemin de Bordeaux.

NOUVEAU SÉJOUR DANS L’ARIÈGE.

Je retournai seul à Saint-Girons, avant l’époque de la tournée annuelle de Recrutement, et je me logeai purement et simplement à l’Hôtel de France, où je restai jusqu’à l’arrivée de ma femme, à qui j’avais proposé de la faire venir en villégiature dans l’Ariège, pendant une partie de la belle saison, et qui s’était empressée d’accueillir cet arrangement. Je fis meubler à loyer, en l’attendant, ce qu’il fallait de la Sous-Préfecture pour nous y camper à peu près bien, et, voulant nous éviter tout embarras de ménage, je traitai avec mon hôte, pour qu’il se chargeât de notre cuisine à forfait.

Ma femme se rendit, avec sa fille, âgée seulement de quinze à seize mois, et la bonne de celle-ci, d’abord, à Nérac. Là, Dominique se tenait tout prêt, pour la conduire par étapes, à Saint-Girons, dans notre calèche, attelée de mes juments percheronnes, qui devaient nous être très utiles pour les tournées d’un nouveau genre que nous comptions faire ensemble, du côté de Pamiers, notamment. Cette voiture pouvait se fermer. Elle était dis-