Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/233

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Il reposait, en principe, sur cette observation :

Le sol naturel des marais, inférieur au niveau de la haute mer, était cependant supérieur à celui de la mer basse, bien qu’il ne fût jamais découvert, au descendant. Les eaux des grandes marées s’y trouvaient retenues, en effet, par un rudiment de digue, qu’avait formé, sur le bord du fleuve, l’amoncellement de vases, charriées par les crues de la Garonne et de la Dordogne et refoulées par les marées, qui s’y déposaient à la mer « étale ».

Le premier travail des Hollandais fut d’élever, au moyen d’autres vases, empruntées au lit du fleuve, cette digue naturelle, au-dessus du niveau des plus hautes marées ; le second, d’enceindre chaque marais à dessécher, d’un large fossé, recevant les eaux de tous les pays d’alentour, et les conduisant à la Gironde par des pentes calculées de façon à les y faire écouler, à basse mer, aux points de rattachement, amont et aval, de la digue riveraine, avec les terrains insubmersibles.

Pour empêcher l’entrée du « flot » dans le marais, à ces deux débouchés du fossé de ceinture, ils les munirent de clapets automatiques, fermés par le « montant », qui se fait, par ce moyen, obstacle à lui-même, et ouverts, au « descendant », sous l’effort des eaux terriennes, accumulées derrière eux durant la marée.

Restait à débarrasser le sol des eaux pluviales qui pouvaient seules désormais l’inonder. Il suffit, pour cela, d’employer le même procédé : l’ouverture de fossés perpendiculaires au fleuve, allant y déverser les eaux d’inondation, à marée basse, par dessous la digue riveraine, et munis également de clapets automatiques. D’autres fossés, parallèles au fleuve, coupant transversalement les premiers, et se dégorgeant dans le grand