Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/243

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Château-Laroze, chez nos cousins, le baron et la baronne Sarget ; au château de Beychevelle, dans la famille Guestier, et dans bien d’autres crus, appartenant à d’autres de nos parents ou amis de Bordeaux.

J’eus besoin de mettre en œuvre toute mon imagination de décorateur, à l’occasion de deux excursions princières en Gironde, organisées par mon Préfet : la première, pour Le Duc et la Duchesse de Nemours ; la seconde, pour le Duc de Montpensier et l’infante d’Espagne qu’il venait d’épouser et qu’il amenait en France.

Dès la première, en vue du retour de la Pointe de Grave, le soir, je m’ingéniai pour éclairer tout le bord du fleuve, dans la longueur de mon arrondissement. Mais, ce n’était pas une petite affaire. Je m’entendis aisément avec le Maire de Blaye et ceux des autres communes riveraines, pour que les lampions et les verres de couleur classiques ne manquassent nulle part aux façades des maisons en vue, et avec la Compagnie des Bateaux à Vapeur, pour l’illumination des embarcadères de leurs diverses escales. Mais, tout cela devait laisser de longs intervalles obscurs. Il me vint à l’idée de faire allumer un cordon de petits barils de galipot, espacés régulièrement, sur toute la ligne des hauteurs dominant la Gironde, et de faire accrocher des fanaux de navires aux ailes en mouvement des nombreux moulins à vent qui s’y trouvent, notamment au-dessus de Blaye. J’obtins ainsi, pour bien peu de dépense, un effet de lointain prodigieux, grâce aux reflets de toutes ces lumières sur l’eau.

J’avais, d’ailleurs, suggéré au Commandant de la Citadelle, qui s’était mis à ma disposition, de ne pas se