Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/259

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On le voit, par ce qui précède : je ne considère pas le cens électoral comme une garantie certaine de la sagesse des votes. Selon moi, dans toutes les couches sociales (auxquelles je n’assimile point le bas-fonds des gens sans aveu, des déclassés), on rencontre, à peu près, dans la même proportion, les sentiments bons et mauvais, et par suite, il est assez indifférent de relever ou d’abaisser la limite du droit de vote. C’est pourquoi j’accepte pour base de notre organisation politique présente et à venir, le Suffrage Universel, sans condition de cens, qui, dans ma conviction, s’impose comme une inéluctable nécessité ; comme le seul moyen de donner aux institutions, aux décisions qu’il consacrera, par Plébiscite ou sur « Referendum », le caractère légitime, indéniable, d’actes émanés de la Volonté Nationale.

L’inscription de l’électeur dans un rôle quelconque de contributions, a du prix, comme preuve de la durée du domicile, condition indispensable, à mon avis, de toute participation aux élections « locales ». Sous ce rapport la loi du 31 mai 1850 était pleine de sagesse. Mais, elle avait le tort de ne pas restreindre son application au choix des Députés, des Conseillers Généraux d’arrondissements et municipaux. C’est la cause de son abandon lors de l’Appel au Peuple de Décembre 1851. On comprend que, pour un Plébiscite, il importe peu que les votes à réunir par un recensement général aient eu lieu dans telle commune ou dans telle autre, et qu’on doive faciliter partout l’accès du scrutin, pour donner à son résultat la plus grande autorité possible.

Quant à l’âge, c’est autre chose. Mais on pourrait, en s’inspirant des dispositions relatives au service militaire obligatoire pour tous, et à la suspension du droit