Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/261

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de jour et principalement de nuit, dans la ville, afin de prévenir toute manifestation offensive de la part des hommes d’opinion avancée. Du reste, ceux-ci comptaient dans leurs rangs, une bien plus grande proportion de bourgeois ambitieux ou déclassés, que d’ouvriers et surtout de marins.

Une lettre de M. le baron Sers me confirma dans ma ligne de conduite, en m’apprenant qu’il resterait à son poste jusqu’à ce qu’il en fût relevé par un nouveau Gouvernement contre l’établissement duquel il ne lui resterait plus aucun espoir de réaction efficace, sinon du côté du Roi ; du moins, de la part de la Régente. Il se montrait certain d’avance que j’agirais de même dans mon arrondissement.

Donc, je me gardai bien de quitter Blaye, même une heure, tant que je ne pus pas aller remettre mes pouvoirs au remplaçant, quel qu’il fût, de mon Préfet. Mais, je n’en préparai pas moins, sans aucune illusion, mon départ, triant et classant mes papiers et mettant toutes mes affaires en bon ordre. J’employai, du reste, une grande partie de mon temps, à réconforter les Maires, qui venaient me consulter de tous les points de l’arrondissement, et nulle part, la République ne fut proclamée pendant les longs jours que dura, dans la Gironde, cet état d’expectative.

Cependant, nous apprenions, par les journaux de Paris, les adhésions quotidiennes des plus grands corps de l’État, des plus hauts fonctionnaires de la Royauté de Juillet, à la nouvelle forme de Gouvernement, et la reconnaissance de son autorité dans les plus grandes villes de France. Le voyage du Roi, de Paris à