Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/265

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la Famille Royale et du Ministère Guizot-Duchâtel, en prenant sur lui-même la responsabilité du parti qu’il me conseillait et qu’il me prescrivait, au besoin, d’adopter.

Je sortis, néanmoins, fort perplexe de chez mon chef. Il fallut, pour me décider, que son avis me fût confirmé par celui de deux Conseillers de Préfecture démissionnaires. Ceux-ci me dirent qu’ils seraient demeurés à leurs postes, s’ils avaient eu la moindre chance de prendre, sur le Commissaire du Gouvernement, l’action modératrice que j’étais en passe d’exercer.

Je demandai à M. Chevallier, quand je le revis, qui ferait partie du Conseil de Préfecture, avec le vieil Armand Ducos et moi. Sans hésiter, il me désigna trois avocats bordelais : MM. Poumereau, Soulié-Cottineau et Chevalier, jeunes gens d’opinions libérales, mais honorablement appréciés au Palais de Justice, et ne pouvant, sous aucun point de vue, me faire craindre la moindre compromission de leur part. — Peu de temps après, M. Chevallier, qui se retira, fut remplacé par M. Delprat, autre membre, également estimable, du Barreau bordelais.

J’appris que le candidat indiqué, de Paris, pour la Sous-Préfecture de Blaye, était un sieur Gornet, de la commune d’Eyrans, médecin de campagne, connu pour ses opinions républicaines, mais de mœurs fort paisibles, dont le frère aîné, beaucoup plus ardent, nommé, d’abord, Adjoint ; puis, Maire de la République, administrait le XIIe arrondissement de Paris, le plus mauvais de tous. Je préférais de beaucoup cet honnête garçon à nombre de brouillons de Blaye, qui pouvaient prétendre à la Sous-Préfecture, et je le dis à M. Chevallier, qui le nomma de suite, et voulut, pour ôter à ma sortie de