Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/280

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J’ajoutai que je ne savais pas si, plus tard, après le vote d’une Constitution, et l’établissement d’un Gouvernement définitif, je serais tenté de rentrer dans l’Administration active ; mais, que je ne croyais pas pouvoir, en attendant, inscrire, sur mes états de services, la qualité qu’il voulait bien m’offrir. Je lui promis, néanmoins, d’assister, de mon mieux, le Commissaire de son choix, comme j’avais secondé M. Chevallier, d’abord, et lui-même, depuis quelques jours.

Il me remercia de la loyauté de cette réponse, facile à prévoir ; interrogea successivement mes collègues, qui refusèrent tous la succession Chevallier ; puis, il me prit à part, et me demanda de l’aider à chercher, dans Bordeaux, un candidat possible à cet embarrassant héritage.

Le soir, je dis nos perplexités à mon beau-père, M. de Laharpe. Suisse de nationalité, républicain de naissance, et d’opinions très libérales en politique, aussi bien qu’en religion, il résidait à Bordeaux depuis quarante-cinq ans. Je lui demandai si, dans ses amis français, il ne connaîtrait pas un républicain modéré, pouvant, par son caractère, inspirer confiance, comme l’avait fait M. Chevallier, à la population de Bordeaux. — « Je ne connais de tel, » me répondit-il, « que le vieil Henri Ducos, le frère de votre collègue Armand, et par conséquent, de l’ancien conventionnel. Mais, depuis longtemps je ne l’aperçois plus. Son frère, dont il est l’aîné, vous dira s’il vit encore. Dans ce cas, il a plus de quatre-vingts ans ! »

Le lendemain, dès la première heure, j’allai trouver M. Armand Ducos ; nous prîmes avec nous un de nos collègues, et nous montâmes au troisième étage d’une