Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il devait donc éprouver le pressentiment que je l’y remplacerais une fois ou l’autre, et se montrait fort inquiet de ce double message. L’avis de ce dont il s’agissait, que j’eus soin de lui donner dès mon arrivée à Paris, lui causa certes un grand soulagement.

MA NOMINATION. MON INSTALLATION À DRAGUIGNAN.

Je ne tardai pas, en effet, à me présenter devant M. Léon Faucher, et j’avoue que notre premier abord ne me fut pas agréable. Frappé de son aspect chétif, étriqué, malingre, qui contrastait avec son air important, gourmé, pédant même, je trouvai que mon nouveau chef manquait absolument de prestige, et quand un petit journal conçut l’idée bouffonne de le qualifier de « ver-à-soie malade », je suis obligé de l’avouer : cela rendait assez bien l’impression qu’il m’avait produite. Mais, je ne restai pas longtemps à reconnaître ses très grandes qualités d’Homme d’État : haute intelligence ; fermeté courageuse ; droiture à toute épreuve ; fidélité rare aux subordonnés. Il m’a toujours témoigné, d’ailleurs, des sentiments d’estime, de confiance et de sympathie personnelle, qui me font garder un souvenir reconnaissant, affectueux, de nos relations.

Le Ministre me dit que son prédécesseur, M. de Maleville, s’était fait remettre, par le Secrétaire Général du Ministère, chargé du Personnel, M. Herman, — ancien Préfet et ancien chef de l’Administration Départementale et Communale, — les dossiers des Préfets et Sous-Préfets du Gouvernement de Juillet en fonctions le 24 février, jugés aptes à servir utilement le Pays, sous le nouvel ordre des choses inauguré le 10 Décembre ;