Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/305

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tion exigeait quelque délai. Je pus, dès lors, me mettre en route le 1er février au soir, par la malle-poste de Lyon ; puis, sans aucun arrêt dans cette ville, que je connaissais, y prendre une place pour Aix, dans la malle secondaire de Marseille ; enfin, me faire porter, par un patachon remplissant l’office de courrier, d’Aix à Draguignan, où j’arrivai le 4 au soir, aussi vite, mais pas plus, qu’une lettre : en trois nuits et trois jours !

Mon prédécesseur, M. Ayraud-Degeorge, Préfet du général Cavaignac, était déjà parti. Ce fut le Conseiller de Préfecture, Secrétaire Général, investi par lui de l’administration du département, qui m’en fit la remise.

Je trouvai, comme fond de maison, à la Préfecture, une excellente cuisinière, amenée par un des Préfets de la Monarchie de 1830, et maintenue à ses fourneaux sous tous les régimes ultérieurs. Durant le peu de jours que je dus attendre l’arrivée de Pierre, je me fis servir par le concierge, et cette installation sommaire me permit de me consacrer de suite à mes nouveaux devoirs.

Cependant, ma chère femme, à qui j’avais imposé déjà tant de déplacements, et qui dut en subir encore tant d’autres, sans pouvoir en prendre l’habitude, préparait son départ de Bordeaux, mais à loisir ; car, elle savait par moi que l’hôtel de la Préfecture de Draguignan, de construction récente, conçu dans des proportions beaucoup trop grandes pour l’importance de ce chef-lieu de département, n’était pas encore meublé complètement. Il me fallait y pourvoir, avant tout. Elle entreprit, mais seulement au mois d’avril, le grand et fatigant voyage de Bordeaux à Marseille, en trois étapes de 21 heures de diligence, chaque : — arrêts à