Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/325

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Les prairies naturelles assez nombreuses, dans l’ensemble du département, y rendent moins que les prairies artificielles. La luzerne y pousse avec fougue, lorsqu’on sait l’arroser. Aux portes de Draguignan, je vis couper tous les quinze jours, du printemps à l’automne, une luzernière baignée, chaque fois, par une dérivation du Nartuby.

Alors, la production de la soie constituait la grande affaire du pays. Presque tout le monde s’en mêlait. Si de belles magnaneries s’élevaient sur nombre de points, il s’en établissait de petites, dans la plupart des habitations, pendant quelques mois. C était un entraînement tel, que mes filles et leur institutrice montèrent, dans l’étage le plus haut de la Préfecture, une éducation de vers, qui leur produisit quelques francs de soie, dont elles furent toutes fières.

Les femmes du peuple faisaient éclore dans leur corsage, le moment venu, des œufs de vers-à-soie, recueillis sur des cartes, l’année précédente. — On prétend que c’est encore, de tous les procédés, le meilleur.

Il parait que, maintenant, l’éducation des vers et la culture du mûrier ont perdu beaucoup de leur importance, dans le Var..

Quant aux bois et forêts, dont la superficie totale atteignait le chiffre de 240,000 hectares, le pin maritime y domine (surtout, dans les montagnes du littoral), mêlé de chênes-lièges, lorsque le sol est siliceux. — La façon dont on traitait, sous prétexte de les exploiter, les arbres de ces deux essences, révoltait en moi l’ancien Sous-Préfet de Nérac et le propriétaire de Houeillès. —