Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/333

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À Draguignan, je trouvai, tout d’abord, le Conseil de Préfecture désorganisé par la démission de deux membres, sur trois le composant. L’un d’eux, qui remplissait les fonctions de Secrétaire Général, occupait, en même temps, une charge d’avoué près le Tribunal de Première Instance, et, mis en demeure d’opter entre ses deux carrières, par le Procureur Général d’Aix, il préférait la plus stable et la plus lucrative. L’autre, ancien Conducteur de Ponts et Chaussées, sans attendre une révocation, se faisait justice. Le Conseiller restant, jeune avocat sans causes, avait opté pour ses fonctions administratives. Il était de nulle valeur, et ses opinions politiques flottantes le rendaient suspect.

Peu de jours après mon installation, je pus adresser au Ministre de l’Intérieur, qui s empressa de l’accueillir, la proposition de remplacer les démissionnaires par MM. Anglès et Noyon, en qui je devais trouver d’utiles collaborateurs.

M. Anglès, dont le père, Secrétaire Général de la Préfecture du Var, conserva son poste pendant toute la durée du Gouvernement de la Restauration, avait été lui-même, d’abord, employé dans les bureaux ; puis, chef de la Division des Finances, et enfin, Conseiller de Préfecture, en 1839. Lors de sa révocation, en 1848, il faisait, à son tour, depuis 1841, les fonctions de Secrétaire Général. Je ne demandai pas toutefois qu’elles lui fussent conférées de nouveau. Légitimiste au fond, et clérical, je comptais, avec raison ; qu’il me serait un précieux intermédiaire pour mes relations avec le parti royaliste et avec le Clergé ; mais, dans les circonstances très difficiles, très complexes, que nous traversions, j’aurais eu besoin d’un autre moi-même, comme Se-