Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/348

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tion par l’amiral Baudin, dont la flotte stationnait en relâche, dans la rade, tandis que le général Mocquery faisait embarquer pour l’Algérie un bataillon d’Infanterie de ligne, dont je ne désigne pas le régiment, parmi les rangs duquel se manifestaient alors plus que des symptômes d’insubordination.

Toulon n’était pas le seul point où je dusse me rendre, pour résoudre sur place des difficultés de service, nées presque toujours de questions de personnes ; pour amener la formation et la mise en œuvre de comités électoraux conservateurs, très laborieuse dans un pays où les hommes d’ordre ont une sainte terreur de se mettre en avant, et pour montrer aux populations un souci de leurs intérêts pouvant concilier leurs votes à nos candidats.

Le soin avec lequel je me faisais rendre compte, dans toutes les communes où je m’arrêtais, de leurs besoins divers ; mes visites aux mairies, établissements de bienfaisance, églises, presbytères, écoles, etc., en un mot, ma façon d’entendre l’administration d’un département, sinon nouvelle, du moins négligée depuis longtemps, laissait à la foule, accourant sur mes pas, une impression résumée dans cette réponse, dont je fus plus flatté que de bien des compliments officiels, faite par une paysanne du Luc à une autre, qui lui demandait si j’étais bien le Préfet : « Ô ; mas aquet ès un vraï ! « (Oui, mais celui-ci est un vrai !) »

Entre temps, survinrent, d’abord, la proclamation de la République, à Rome ; la retraite du Pape, à Gaëte, et l’expédition du général Oudinot, qui donna une anima-