Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/359

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devait accentuer la protestation des conservateurs contre une telle violence, et contre le retard mis par le Gouvernement à la réparer.

L’inscription de M. Thiers et du général Changarnier sur notre liste bigarrée, nous exposait, en cas de succès, à des élections complémentaires, par suite de leur option probable pour d’autres départements, où leur élection semblait assurée. Mais, elle réduisait (grand mérite à mes yeux) le nombre des candidats du terroir, sur les noms desquels l’entente eût été plus laborieuse encore.

Restait à convaincre les électeurs de la nécessité des concessions que les quatre comités se faisaient réciproquement. Il le fallait, sous le régime électoral d’alors, où la majorité relative suffisait pour être élu, quand on atteignait certaine quotité de votes, proportionnelle au nombre des électeurs inscrits. On ne pouvait pas, entre électeurs du même parti, se diviser impunément, comme de nos jours, au premier tour de scrutin, sauf à s’accorder au second tour, en surmontant ses répugnances respectives pour tels ou tels candidats. On devait faire cette transaction dès la première épreuve, à peine de voir passer, sans coup férir, des adversaires parfaitement unis. Dans le travail de persuasion que j’entrepris à cet effet, l’Évêque de Fréjus, homme de grand sens et d’excellent esprit, m’aida puissamment.

Toutefois, une diversion inattendue se produisit au dernier moment, sous le patronage du journal La Sentinelle, dont je ne voyais encore aucun moyen d’acquérir la publicité vénale. Son propriétaire trouve sans doute quelque avantage pécuniaire à mettre en avant une