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Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/41

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avions des vers à traduire, on nous en expliquait incidemment la facture.

Nous apprenions le dessin, en nous essayant à reproduire des objets inertes ou des êtres animés, au lieu de copier des yeux, des nez et des bouches, sur des modèles gravés, et la musique, en la pratiquant, sans études théoriques préalables.

J’insiste sur mon séjour dans cet établissement exceptionnel, où, durant deux années, mon intelligence reçut l’impression du système d’éducation qu’on y suivait. Les notions recueillies là, sur une foule de choses, ouvrirent mon esprit, naturellement investigateur, aux études multiples qui l’attirèrent plus tard, et le meublèrent de connaissances variées, d’un grand secours dans ma carrière administrative.

Quand, redevenu solide, vers onze ans, je fus placé par mon père, comme interne, au collège Henri IV (Lycée Napoléon, sous le premier et le second Empire ; Lycée Condorcet, aujourd’hui), le plus salubre de Paris, grâce à ses grandes cours et à sa belle terrasse plantée de grands arbres ; j’entrai d’emblée en sixième, et je pris place de suite à la tête de ma classe. Je conservai ce rang, sans grand effort, pendant tout le cours de mes études, bien que j’aie dû les interrompre plusieurs fois, au milieu de l’année classique, surtout de treize à quinze ans, pour aller me refaire à la campagne. — Les personnes m’ayant connu dans la force de l’âge, souriront à l’idée que ma santé fût si délicate alors. Cependant, le fait est certain ; ma poitrine se développa plus tardivement que ma taille, et donna des inquiétudes à ma famille, où, malheureusement, la phtisie