Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/7

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Bien des fois, elle dérouta mes adversaires. Car, d’habitude, ces gens habiles, peu coutumiers de la ligne droite, ne m’attendaient pas sur ce chemin.

Est-ce à dire que je n’eusse point d’opinions politiques bien arrêtées ? Loin de là : j’étais un Impérialiste de naissance et de conviction.

Démocrate et très libéral, mais, non moins autoritaire, j’avais, et j’ai toujours l’intime et profond sentiment qu’en France, la seule forme pratique de la Démocratie est l’Empire.

Notre pays, le plus « un » du Monde entier, a besoin d’un Gouvernement qui le soit. Il faut qu’une seule main, ferme au dedans, afin d’avoir le droit de l’être au dehors, dirige ses affaires. Les intérêts qui s’y meuvent, exigent la stabilité du Pouvoir Exécutif dans son expression suprême : l’hérédité ; mais, sous la réserve des droits inaliénables, imprescriptibles, de « la Souveraineté du Peuple », dont la Constitution, directement émanée d’un acte de sa Volonté, doit consacrer formellement l’exercice. Il convient, de plus, pour la dignité même de la Nation, que le titre porté par son représentant, par « son délégué », le mette de pair avec les plus grands Monarques.

Telles furent, de tout temps, et telles sont encore mes croyances. Je ne prétends les imposer à personne : ce serait, de ma part, une inconséquence très choquante. On m’a toujours vu soumis, au contraire, et je me soumettrai, jusqu’à la fin, à toutes les formes de Gouvernement légitimées par le Vote du Pays.