Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/84

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Clermont-Ferrand ; mais, elle dépensait deux jours à faire ce trajet limité maintenant à peu d’heures.

Ce détour me procura l’occasion de voir, pour la première fois, Angoulême, que je devais revoir si souvent, plus tard. Je trouvai même le temps d’aller visiter, dans les environs, une manufacture de papiers, pour le chef de laquelle l’imprimeur de la Préfecture de la Vienne m’avait remis une introduction, et la fonderie de canons de la Marine, à Ruelle, où j’attendis le passage du prétendu courrier dans la guimbarde duquel j’avais retenu ma place.

J’eus presque une journée pour visiter Limoges, ses monuments et une fabrique de porcelaine, d’où je dirigeai quelques objets, en cadeaux, sur Poitiers.

J’y pris gîte dans une diligence, bien mal nommée, puisqu’elle mettait plus de trente-six heures pour gagner Clermont-Ferrand : il est vrai qu’on couchait en route, à Sauviat.

Après Saint-Léonard, charmante oasis, le voyage fut sans aucun genre d’agrément. Le département de la Creuse, qu’il fallait traverser, abonde en paysages d’une monotonie désolante. Comme je montais, à pied, après un repas d’auberge on ne peut plus frugal, la côte de Bourganeuf, je bénissais le ciel de n’être pas Sous-Préfet de cette triste bourgade.

Aubusson, sis dans la vallée de la Creuse ; animé, d’ailleurs, par une certaine activité industrielle, me parut plus enviable.

Toute la journée du lendemain, nous eûmes en perspective la silhouette bleuâtre de la chaîne des Dômes d’Auvergne, dont nous nous rapprochions cahin-caha. Enfin, après avoir franchi les vallées pittoresques de