Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/99

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gues, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Privas, dans la vallée de l’Ardèche, qui nous conduisit rapidement à notre but.

J’emportai d’Aubenas, de son industrie séricicole, de sa situation et du pays qui l’environne, une impression des plus favorables.

Pour éviter de revenir monotonement par le même chemin, nous résolûmes de remonter le cours de l’Ardèche, en suivant la route de Clermont, qui franchit le petit massif de montagnes où cette rivière prend sa source, avant le village de Lanarce, et de rentrer dans la Haute-Loire par Pradelles, afin de pousser jusqu’au Puy, pour y coucher tout au moins.

Mais, nous ne partîmes d’Aubenas qu’après déjeuner, et le temps nous manqua pour atteindre, avant la nuit, Pradelles, où nous comptions dîner. D’ailleurs, la route est montueuse et fatigante, et nos coursiers, que plusieurs heures de cette ascension soutenue, par une journée chaude et lourde, avaient essoufflés, n’en pouvaient plus du tout.

Il était six heures du soir : nous prîmes, bien qu’à regret, le parti de nous arrêter, n’importe où, pour dîner et faire reposer nos chevaux. Ce fut dans une auberge isolée, sise au croisement de deux routes sur un plateau nu, des plus mélancoliques.

La nuit vint, une nuit noire, où les étoiles ne suffisaient pas à faire bien voir le chemin. On nous décida, non sans peine, à coucher là. Mais, on étouffait dans la cuisine, qui servait aussi de salle à manger et de salon, et, pour prendre l’air sur la route, nous nous fîmes ouvrir la porte, déjà barricadée. — Une lueur apparaissait entre deux montagnes, et nous reconnûmes