Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 3.djvu/502

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aux deux angles de l’Avenue Victoria, n’avaient sans doute rien à voir avec l’Art ; mais, ils manquent trop de relief et auraient un meilleur caractère si leurs pilastres et moulures étaient plus en saillie.


Lorsque j’organisai le Service d’Architecture de la Ville selon les idées que j’ai résumées plus haut, je mis M. Baltard à sa tête avec le titre de Directeur, et je lui donnai, comme on l’a vu ci-dessus, pour collaborateurs, quatre architectes en chef et vingt architectes ordinaires, choisis parmi les membres de l’Institut et les Grands-Prix de Rome, assistés d’une foule d’architectes-inspecteurs et sous-inspecteurs, correspondant aux conducteurs et piqueurs des Ponts et Chaussées.

C’était une position magnifique, différant, du tout au tout, de la situation secondaire, fort compromise, où je l’avais trouvé en arrivant à l’Hôtel de Ville.

Quand, à mon tour, sollicité par des amis zélés, je me présentai à l’Académie des Beaux-Arts, je n’eus pas la voix de cet ancien camarade au relèvement duquel j’avais tant contribué. Il m’avait loyalement averti, du reste, que je ne devais pas y compter.

Admirateur passionné de l’œuvre très classique d’Ingres, il appartenait au petit groupe de l’Académie dont cet illustre peintre était le drapeau, et qui tendait, de plus en plus, à faire occuper les sièges d’académiciens libres par des conservateurs de musées, par des écrivains de livres spéciaux, de préférence aux personnages et aux hommes du monde, amis éclairés ou protecteurs utiles des arts, pour lesquels ils avaient été primitivement créés.