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Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 3.djvu/545

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partie du premier étage. Son greffe était dans les combles du monument.

Bien que préférable de beaucoup à l’ancienne, cette installation devenait de plus en plus insuffisante. D’ailleurs, la présence d’un corps judiciaire dans le temple consacré à la spéculation, j’allais dire dans la plus colossale des maisons de jeu, choquait autant les justiciables que les juges, obligés de traverser une foule toujours croissante de boursiers affairés et bruyants, pour parvenir aux salles d’audience du Tribunal, mal préservées de la rumeur assourdissante du grand marché des valeurs.

On vit, à certaine époque d’affolements et de ruines, les galeries du premier étage encombrées de femmes, qui, ne pouvant entrer dans le hall de la Bourse, venaient, là, suivre les fluctuations des cours et donner par signes des ordres d’achats et de ventes.

Les tourniquets payants, par lesquels un Ministre des Finances de l’Empire, impuissant à réprimer ces abus, crut pouvoir au moins les contenir, et qu’un autre Ministre, M. Fould, moins ennemi de la spéculation, fit enlever, furent, d’ailleurs, pendant leurs années d’existence, des embarras sérieux pour le libre accès du Tribunal de Commerce.

Je saisis l’occasion que je trouvai là de donner suite alors à mon projet de transférer le Tribunal de Commerce dans un milieu plus calme, en pleine Cité, près du Palais de Justice où siège la Cour d’Appel dont il relève, parallèlement au Tribunal de première Instance dont il est l’égal dans la hiérarchie des Pouvoirs, et de lui restituer ainsi le prestige extérieur dû au rang qu’il