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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/140

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

demandé un sauf-conduit pour deux aides de camp, afin que si l’un des deux tombait malade, l’autre pût porter sa dépêche, et comme il pouvait être utile que l’officier chargé de cette mission parlât italien, le général Masséna la confia au commandant Graziani, Piémontais ou Romain au service de la France ; mais notre général en chef, le plus soupçonneux de tous les hommes, craignant qu’un étranger se laissât gagner par les Autrichiens et ne fît pas toute la diligence possible, m’adjoignit à lui, en me recommandant, en particulier, de hâter sa marche jusqu’à ce que nous eussions joint le premier Consul. Cette recommandation était inutile. M. Graziani était un homme rempli de bons sentiments et qui comprenait l’importance de sa mission.

Nous partîmes le 16 prairial de Gênes, où je laissai Colindo que je comptais y venir prendre sous peu de jours, car on savait que l’armée du premier Consul était peu éloignée. M. Graziani et moi le joignîmes le lendemain soir à Milan.

Le général Bonaparte me parla avec intérêt de la perte que je venais de faire et me promit de me servir de père si je me conduisais bien, et il a tenu parole. Il ne pouvait se lasser de nous questionner, M. Graziani et moi, sur ce qui s’était passé dans Gênes, ainsi que sur la force et la marche des corps autrichiens que nous avions traversés pour venir à Milan. Il nous retint auprès de lui et nous fit prêter des chevaux de ses écuries, car nous avions voyagé sur des mulets de poste.

Nous suivîmes le premier Consul à Montebello et puis sur le champ de bataille de Marengo, où nous fûmes employés à porter ses ordres. Je n’entrerai dans aucun détail sur cette mémorable bataille, où il ne m’advint rien de fâcheux ; on sait que nous fûmes sur le point