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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

remercier le général. Il me reçut à merveille, en m’ordonnant de venir le joindre le plus tôt possible à Bayonne, où il allait se rendre immédiatement. Nous étions au mois d’octobre, j’avais donc terminé le premier cours de l’école de cavalerie, et peu curieux de suivre le second, je quittai Versailles plein de joie ; mes pressentiments me disaient que j’entrais dans une voie nouvelle, bien plus avantageuse que celle d’instructeur de régiment ; ils ne me trompèrent point, car, neuf ans après, j’étais colonel, tandis que les camarades que j’avais laissés à l’école de cavalerie étaient à peine capitaines !

Je me rendis promptement à Bayonne, où je pris possession de mon emploi d’aide de camp du général en chef. Celui-ci occupait, à un quart de lieue de la ville, le beau château de Marac, dans lequel l’Empereur résida quelques années après. Je fus parfaitement reçu par le général Augereau, ainsi que par mes nouveaux camarades, ses aides de camp, qui presque tous avaient servi sous mon père. Cet état-major, bien qu’il n’ait pas donné à l’armée autant d’officiers généraux que celui de Bernadotte, était cependant fort bien composé. Le général Dongelot, chef d’état-major, était un homme d’une haute capacité qui devint plus tard gouverneur des îles Ioniennes, puis de la Martinique. Le sous-chef d’état-major se nommait le colonel Albert. Il mourut général, aide de camp du duc d’Orléans. Les aides de camp étaient : le colonel Sicard, qui périt à Heilsberg, les chefs d’escadron Brame, qui se retira à Lille après la paix de Tilsitt, et Massy, tué comme colonel à la Moskowa ; le capitaine Chévetel et le lieutenant Mainvielle ; le premier se retira dans ses terres de Bretagne, et le second finit sa carrière à Bayonne. J’étais le sixième et le plus jeune des aides de camp.