résoudre à faire la guerre en hiver dans de hautes montagnes, il n’en était pas de même des officiers placés sous ses ordres, car beaucoup d’entre eux blâmaient sa pusillanimité et parlaient de se révolter contre son autorité. Le plus ardent des opposants était le général prince de Rohan, officier français au service de l’Autriche, homme fort brave et très capable. Le maréchal Augereau, craignant que Jellachich, entraîné par les conseils que lui donnait M. de Rohan, ne parvînt à échapper à l’armée française en se jetant dans le Tyrol, où il nous eût été presque impossible de le suivre, s’empressa d’accorder au maréchal ennemi toutes les conditions qu’il demandait.
La capitulation portait donc que les troupes autrichiennes déposeraient les armes, livreraient leurs drapeaux, étendards, canons et chevaux, mais ne seraient pas conduites en France et pourraient se retirer en Bohême, après avoir juré de ne pas servir contre la France pendant un an. En annonçant cette capitulation dans un de ses bulletins de la grande armée, l’Empereur témoigna d’abord un peu de mécontentement de ce qu’on n’avait pas exigé que les troupes autrichiennes fussent envoyées prisonnières en France ; mais il revint sur cette pensée, lorsqu’il eut acquis la certitude que le maréchal Augereau n’avait aucun moyen de les y contraindre, parce qu’elles avaient la facilité de s’échapper. En effet, dans la nuit qui précéda le jour où les ennemis devaient déposer les armes, une révolte éclata dans plusieurs brigades autrichiennes contre le feld-maréchal Jellachich. Le prince de Rohan, refusant d’adhérer à la capitulation, partit avec sa division d’infanterie, à laquelle se joignirent quelques régiments des autres divisions, et se jeta dans les montagnes qu’il traversa malgré les rigueurs de la saison ; puis, par une