CHAPITRE XXVII
La défaite éprouvée par les Russes avait jeté leur armée dans une telle confusion que tout ce qui avait échappé au désastre d’Austerlitz se hâta de gagner la Galicie, afin de se soustraire au vainqueur. La déroute fut complète ; les Français firent un très grand nombre de prisonniers et trouvèrent les chemins couverts de canons et de bagages abandonnés. L’empereur de Russie, qui avait cru marcher à une victoire certaine, s’éloigna navré de douleur, en autorisant son allié François II à traiter avec Napoléon. Le soir même de la bataille, l’empereur d’Autriche, pour sauver son malheureux pays d’une ruine complète, avait fait demander une entrevue à l’empereur des Français, et d’après l’assentiment de Napoléon, il s’était arrêté au village de Nasiedlowitz. L’entrevue eut lieu le 4, près du moulin de Poleny, entre les lignes des avant-postes autrichiens et français. J’assistai à cette conférence mémorable.
Napoléon, parti de fort grand matin du château d’Austerlitz, accompagné de son nombreux état-major, se trouva le premier au rendez-vous, mit pied à terre et se promenait autour d’un bivouac lorsque, voyant arriver l’empereur d’Autriche, il alla à lui et l’embrassa cordialement… Spectacle bien fait pour inspirer des réflexions philosophiques ! Un empereur d’Allemagne venant