escogriffe de housard qui arrivait une heure après les autres s’approche de mon lit, et voyant qu’il y avait déjà quelqu’un, décroche la lampe et la met sous mon nez pour m’examiner de plus près, puis il se déshabille. Tout en le voyant faire, j’étais loin de penser qu’il avait la prétention de se placer auprès de moi ; mais bientôt je fus détrompé, lorsqu’il me dit durement : « Pousse-toi, conscrit ! » Puis il entre dans le lit, se couche de manière à en occuper les trois quarts et se met à ronfler sur le plus haut ton ! Il m’était impossible de fermer l’œil, surtout à cause de l’odeur affreuse que répandait un gros paquet placé par mon camarade sous le traversin pour s’exhausser la tête. Je ne pouvais comprendre ce que ce pouvait être. Pour m’en assurer, je coule tout doucement la main vers cet objet et trouve un tablier en cuir, tout imprégné de la poix dont se servent les cordonniers pour cirer leur fil !… Mon aimable camarade de lit était l’un des garçons du bottier du régiment ! J’éprouvai un tel dégoût que je me levai, m’habillai et allai à l’écurie me coucher sur une botte de paille. Le lendemain, je fis part de ma mésaventure à Pertelay, qui en rendit compte au sous-lieutenant du peloton. Celui-ci était un homme bien élevé ; il se nommait Leisteinschneider (en allemand, lapidaire). Il devint, sous l’Empire, colonel, premier aide de camp de Bessières, et fut tué. M. Leisteinschneider, comprenant combien il devait m’être pénible de coucher avec un bottier, prit sur lui de me faire donner un lit dans la chambre des sous-officiers, ce qui me causa un très grand plaisir.
Bien que la Révolution eût introduit un grand relâchement dans la tenue des troupes, le 1er de housards avait toujours conservé la sienne aussi exacte que lorsqu’il était Bercheny ; aussi, sauf les dissemblances