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CHAPITRE VIII


Le plan XVII. — La situation extérieure de la France en 1912 et 1913. — Coup d'oeil d'ensemble sur les différentes puissances de l'Europe. — La neutralité de la Belgique et du grand-duché du Luxembourg. — La Russie. — Ce que nous savions de l'Allemagne et de ses intentions.


J'ai exposé précédemment dans quelles conditions des modifications avaient été apportées au plan XVI, pour constituer la variante n°1 à ce plan, qui fut mise en vigueur au mois de septembre 1911.

Je rappellerai sommairement que le plan XVI était basé sur la seule hypothèse d'un coup droit allemand venant de la région Metz-Toul-Verdun. Il faisait état du respect par l'Allemagne de la neutralité belge, et d'une action militaire limitée à la frontière franco-allemande. Comme les doutes les plus sérieux sur ce respect nous étaient venus, il était apparu que nous risquions, si l'ennemi ne jouait pas franc jeu, de voir notre gauche enveloppée. Pour parer à ce danger, la variante n°1 avait porté vers la gauche notre armée de réserve, la 6e. En outre, le plan XVI, basé sur une contre-offensive de notre part, abandonnait à priori une large bande du territoire national à l'ennemi ; la concentration avait lieu derrière la barrière de nos forteresses ; on défendait la Meuse et la Moselle, abandonnant Nancy à son sort ; les effectifs en couverture étaient faibles, les secteurs attribués aux corps d'armée frontière étaient fort larges.

Comme on le voit, cette variante n'apparaissait que comme un expédient provisoire, en attendait une réfection totale de notre plan de mobilisation.