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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/118

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situation extérieure de la france

imposait principalement de connaître. En voici le résumé :


Nous considérons l'Allemagne comme notre principal adversaire ; tous les incidents qui ont lieu depuis nos revers de 1870, les menaces de guerre de 1875, l'affaire Schnœbelé en 1887, le voyage impérial de Tanger en 1905, les incidents de Casablanca et d'Agadir ont été suscités par le gouvernement de Berlin. La guerre avec l'Allemagne est donc de beaucoup la plus vraisemblable, et celle que nous devons avant tout prévoir.

L'Autriche est liée à l'Allemagne par un traité signé en 1879 et publié en 1888. L'alliance a été renouvelée. Aux termes du traité de 1879, le casus fœderis doit jouer s'il y a agression de la part tierce puissance contre l'un des deux empires, ou si l'agression est soutenue par la Russie. Il semble donc que le traité ne vise que des buts défensifs. Cependant, de plus en plus, l'Autriche a partie liée avec l'Allemagne comme l'ont montré les incidents de Bosnie et d'Herzégovine, et nous estimons, en conséquence, que selon toutes probabilités, l'Autriche serait prête à soutenir l'Allemagne dans toutes les éventualités de conflit avec la France appuyée par la Russie, sans rechercher d'où vient l'agresseur et s'il s'agit d'une guerre défensive.

Nous désirerions savoir si les Affaires étrangères possèdent des renseignements confirmant ou infirmant cette manière de voir.

D'autre part, des indices assez nombreux nous font penser que la Roumanie s'unirait à l'Autriche en cas de guerre avec la Russie. Possède-t-on des informations à ce sujet ?

En ce qui concerne la Russie, la convention franco-russe porte que "dans le cas où les forces de la Triple-Alliance ou d'une des puissances qui en font partie viendraient à se mobiliser, la France et la Russie, à la première annonce de l'événement, et sans qu'il soit besoin d'un concert préalable, mobiliseront immédiatement et simultanément la totalité de leurs forces, et les porteront le plus près possible de leurs frontières". Doit-on considérer que cette convention a la même force qu'un traité.

L'Angleterre est effrayée du développement de la marine et du commerce allemands ; c'est la raison qui l'a rapproché de la France. Nos états-majors sont entrés en relations par l'intermédiaire de notre attaché militaire ; ils ont examiné de concert