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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/121

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mémoires du maréchal joffre

thèse possible que l'Espagne se déclarât contre nous ; il posait en principe que nous n'avions aucun compte à tenir de la neutralité luxembourgeoise, mais au contraire que nous devions rigoureusement respecter la Belgique, sous réserve que la frontière belge sitôt violée par les Allemands, nos armées pourraient pénétrer dans le Luxembourg belge.

Nous désirions savoir si nous étions d'accord sur ces divers points avec les Affaires étrangères.

Mon interlocuteur, M. Bapst, discuta un certain nombre de conclusions de mon questionnaire, mais notre conférence m'amena de sa part aucune précision. Toutefois, le 19 octobre, il fit savoir par écrit au ministre de la Guerre que le département des Affaires étrangères était d'une manière générale d'accord avec la Guerre sur le rôle futur des puissances citées dans la note que je lui avais remise concernant l'hypothèse d'un grand conflit.

En outre, le lendemain 20 octobre, nous reçûmes des Affaires étrangères une série de notes précisant certains points qui concernaient en particulier la Roumanie, l'Autriche, la Suisse, le Luxembourg, la Belgique et l'Espagne.

En ce qui touchait les relations austro-roumaines, on signalait la grande intimité entre les souverains. "Entre l'Autriche et la Roumanie, il n'est pas besoin de conventions écrites," avait dit le roi de Roumanie en 1910. Un ancien président du Conseil roumain, M. Carp, avait annoncé qu'une entente verbale existait entre la Roumanie, l'Autriche et l'Allemagne contre la Russie. Le prix de cette entente devait être la Bessarabie.