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L'opération principale pouvait également avoir pour but d'enserrer les forces ennemies réunies dans la région de Metz, de les rejeter dans le camp retranché et de chercher à les y investir. Dans ce cas, nous aurions à conduire une double offensive par le Luxembourg au nord, par le couloir de Château-Salins au sud, ces deux actions étant liées entre elles par une opération qui amorcerait le blocus du groupe fortifié Metz-Thionville.

Dans le premier projet, nos deux offensives, bien que séparées à l'origine par la région des étangs, étaient intimement liées l'une à l'autre. Dirigées toutes deux sur le point de soudure des armées allemandes d'Alsace et de Lorraine, elles agiraient en concordance sur un point faible du dispositif ennemi et pourraient produire une rupture de ce dispositif. Si l'affaire réussissait, les Allemands ne pourraient plus se reformer que dans la vallée du Rhin. Mais, par contre, au cours de cette opération nos forces seraient menacées d'être prises en flanc par des attaques débouchatn à la fois, selon tout probabilité, de Metz et de la région Molsheim-Strasbourg ; pénétrant comme un coin à l'intérieur du dispositif ennemi, nous irions en quelque sorte au-devant de l'enveloppement. Il était donc indispensable, à mesure que notre progression se développerait en territoire allemand, de couvrir nos flancs menacés par des forces de plus en plus importantes. En somme, les risques de cette manœuvre étaient élevés, tandis que les résultats paraissaient devoir être difficilement décisifs, puisque, en cas de succès, nous pouvions espèrer tout au plus rejeter la masse principale des armées allemandes de Lorraine vers le Rhin et l'Allemagne du Nord, c'est-à-dire sur ses lignes naturelles de retraite.

Dans le projet d'offensive conjuguée par Château-Salins et le Luxembourg, l'effort principal porterait à la fois sur le centre et sur une aile de l'ennemi. Ce dernier ne pourrait agir contre le flanc de notre offensive du Nord, qu'en violant la neutralité belge ; mais, s'il s'y décidait, nous serions en droit, à notre tour, de développer comme lui nos moyens d'action dans le Luxembourg belge par simple