Aller au contenu

Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
16
mémoires du maréchal joffre

de succès. Avons-nous 70 pour 100 de chances de victoire si la situation nous accule à la guerre ?" J'étais assez embarrassé pour répondre. Je finis par dire : "Non, je ne considère pas que nous les ayons. — C'est bien, répondit Caillaux ; alors, nous négocierons." Cette réponse contribua sans doute à décider le gouvernement à poursuivre les négociations. En tout cas, peu de jours après, M. Cambon venu de Berlin retournait à son poste porteur pour M. de Kiderlen-Wæchter d'une note qu'il lui remit le 4 septembre, et qui servit de base à l'accord du 4 novembre sur le Maroc.

Cette crise si grave eut du moins un résultat heureux en ce qui concerne la France ; l'Entente cordiale en sortit resserrée. C'est, en effet, du début de cette période que datent les premières conversations entre l'état-major français et l'état-major britannique. Le général Wilson vint en France travailler avec nous et préparer le débarquement éventuel d'un corps expéditionnaire britannique. Il fut le premier et bon ouvrier de cette coopération.

Je fis, en outre, le choix de mes collaborateurs immédiats pour en former mon cabinet. Le chef en fut le commandant Gamelin, et je pris, en outre, les capitaines Renouard et Bel et le commandant Alexandre.

Je n'ai pas à faire l'éloge de ces officiers que j'ai conservés fort longtemps auprès de moi et qui ne m'ont quitté que le temps nécessaire pour accomplir leurs stages de commandement pendant la paix, ou pour aller, pendant la guerre, se retremper dans la troupe. Durant ces absences forcées, je les ai remplacés par les capitaines de Galbert et Fétizon. Ils ont tous magnifiquement fait leur devoir ; deux d'entre eux ont été tués : Bel à la tête d'un groupe de bataillons de chasseurs en Italie, de Galbert à la tête du 13e bataillon de chasseurs sur la Somme ; quant à Renouard, il est mort pendant l'été 1918 à la tête d'une division d'infanterie.

Dès mon installation dans mes nouvelles fonctions, je me mis à étudier la plan de concentration alors en vigueur connu sous le nom de plan XVI ; j'en avais déjà eu connaissance