Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/322

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



CHAPITRE IV


La préparation de la bataille de la Marne.
25 août-5 septembre 1914.


25 août. — Le 25 au matin, il était manifeste que la manœuvre stratégique préparée depuis le 18 aboutissait pour nous à un complet échec.

Les nouvelles de la nuit ne pouvaient plus laisser d'espoir. Le mouvement en avant des armées allemandes de Belgique continuait. L'armée anglaise, attaquée dans la journée du 24 par des forces importances, s'était repliée sur la ligne Valenciennes-Maubeuge, et il y avait toutes chances pour que l'adversaire entamât contre elle une manœuvre efficace d'enveloppement. Déjà, en avant de l'aile droite allemande, on indiquait Somain comme occupé par l'ennemi, et les corps de réserve allemande signalés jusqu'ici comme se dirigeant contre Anvers semblaient maintenant suivre les traces de l'aile marchande, augmentant ainsi ses possibilités de manœuvre[1].

Dans la croyance où j'étais encore que les Allemands n'engageaient dans leurs opérations offensives que des corps actifs, j'étais amené à rechercher les causes de notre échec, non seulement comme je l'ai dit au chapitre précédent, dans les défaillances d'ordre tactique, mais encore dans la supériorité numérique que les Allemands étaient parvenus à donner à leur aile droite. Cette supériorité numérique, que nos calculs antérieurs étaient loin de nous

  1. Compte-rendu n°59 du 2e bureau du G. Q. G. (25 août 1914, 6 heures.)