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CHAPITRE V


La bataille de la Marne.


Au moment où allait s'engager la bataille dont allaient dépendre les destinées du pays, la situation militaire se présentait sous un jour infiniment plus favorable que je n'aurais osé l'espérer quelques jours auparavant.

Les 3e, 4e, 9e et 5e armées françaises, appuyées à droite au camp retranché de Verdun, étaient déployées sur un front d'environ 250 kilomètres jalonné par Sermaize, Vitry-le-François, Sommesous, les marais de Saint-Gond, Esternay, Courtacon. A leur gauche, formant échelon avancé se trouvaient l'armée britannique et la 6e armée française, la première au sud-ouest de Coulommiers, la seconde couverte à sa gauche par le corps de cavalerie Sordet, au nord-ouest de Meaux. L'ensemble de cette ligne dessinait une vaste poche dans laquelle cinq armées allemandes paraissaient vouloir s'engouffrer. Les renseignements recueillis dans la journée du 5 septembre nous avaient montré, en effet, que l'ennemi poursuivait sa marche vers le sud.

L'armée von Kluck (Ire armée) avait atteint la région de Coulommiers ; elle avait laissé sur la rive droite de l'Ourcq quelques éléments qui se retranchaient face à l'ouest.

L'armée von Bülow (IIe armée) avait franchi la Marne entre Dormans et Épernay dans la matinée du 5 septembre ; ses têtes de colonnes étaient signalées à midi sur la transversale Champaubert, Étoges, Bergères, Vertus.

De l'armée von Hausen (IIIe armée) on avait identifié